Résumé : L'ensemble des décès enregistrés en France entre 1979 et 1997 a
été étudié en fonction de la longitude qu'occupait le Soleil à la naissance et
au décès. Il en ressort un lien statistique discutable. Les décès survenus aux
environs de la date anniversaire, à plus ou moins 30 jours, seraient plus
nombreux qu'en théorie.
Hypothèse et méthode
L'hypothèse est qu'il n'existe pas de lien statistique
entre la date
du décès d'une personne et la date de sa naissance.
Pour confirmer ou infirmer cette hypothèse , l'étude
s'appuie sur les
fichiers annuels d'état civil de l'Insee (10 192 111 décès survenus
entre 1979 et 1997). Ces fichiers fournissent, pour chaque décès, la
date du décès et la date de naissance de la personne décédée. Dans une
étape préparatoire, la longitude du Soleil à 12h00 G.M.T. est attribuée
à chaque date. En fonction de ces longitudes, 12 classes de 30° sont
constituées.
Cette opération permet de mettre en évidence 216 décès pour lesquels
au moins une date de naissance est fausse (par exemple, 30 février, 31
avril). |
Méthode : le zodiaque
Le zodiaque astrologique est un repère de 360° qui
permet de localiser le Soleil, le Lune et les planètes du système
solaire dans l'espace. L'origine de ce repère est le point vernal, point
équinoxial du printemps. Le zodiaque est un outil de mesure du temps :
toute date, qu'il s'agisse d'une naissance comme d'un décès, peut être
traduite par la longitude du Soleil sur l'écliptique. On peut, par
exemple, naître au Bélier et mourir au Lion, c'est-à-dire naître quand
la longitude du Soleil est comprise entre 0° et 30° (signe du Bélier) et
mourir quand la longitude du Soleil est comprise entre 120° et 150° (signe du
Lion).
Ici, le signe astrologique dans lequel se trouvait le
Soleil à 12 heures G.M.T. est attribué à chaque date de naissance et à
chaque date de décès. Ainsi, il est tenu compte du fait que l'entrée du
Soleil dans un signe ne se fait pas toujours à dates fixes. |
Dans un premier temps, un test d'indépendance du Khi-deux est réalisé. Les
décès sont répartis dans un tableau à deux dimensions selon le signe
astrologique de naissance et le signe astrologique du décès.
Un tableau théorique est ensuite calculé. Pour chacune des 144 cases, le
total de la ligne à laquelle la case appartient est multiplié par le total de
la colonne à laquelle la case appartient et ce produit est divisé par le total
général du tableau.
Puis, pour chaque case du tableau, l'écart entre valeur réelle et valeur
théorique est calculé, élevé au carré et rapporté à la valeur théorique. Ce
calcul reflète, pour chaque case, l'importance de l'écart par rapport à la
valeur attendue. Le Khi-deux est ensuite calculé par addition des 144 écarts
relatifs. Chaque écart relatif est appelé " contribution au Khi-deux ".
La significativité globale de tous les écarts de répartition est obtenue à
partir de la valeur du Khi-deux et du nombre de cases du tableau. Elle est
estimée par la probabilité d'erreur que présente le rejet de l'hypothèse nulle
selon laquelle il n'existe pas de lien entre date de naissance et date de
décès.
Chaque contribution au Khi-deux est ensuite analysée individuellement afin
d'apprécier l'intervention de chaque combinaison de signes dans la
significativité globale.
Dans un deuxième temps, pour chaque décès, l'écart qui sépare la longitude
du Soleil à la naissance et la longitude du Soleil au décès est calculé. En
d'autres termes, il s'agit du nombre de jours qui séparent le jour du décès et
le jour du dernier anniversaire.
Selon cet écart, la population est ensuite répartie en 36 classes de 10°.
Puis, l'effectif de chaque classe est comparé à l'effectif moyen.
Les données de l'étude
En collaboration avec les mairies, l'Insee (Institut national de la
statistique et des études économiques) tient à jour des fichiers informatiques
d'état civil à des fins d'études démographiques. Depuis le millésime 1979, les
fichiers annuels de décès font mention complète des dates de naissance et des
dates de décès. Les fichiers utilisés ici couvrent la période 1979-1997 et
représentent un ensemble de 10 192 111 décès. [La répartition de cet ensemble
de décès par âge, signe astrologique de naissance et signe astrologique de
décès figure en annexe].
Les décès d'enfants de moins d'un an sont nombreux. Ils représentent 1% de
l'ensemble contre, par exemple, 0,15% pour les enfants âgés d'un an. Pour ces
décès particuliers, il est clair que le jour de la naissance est proche du
jour du décès. Pour éviter qu'ils ne perturbent mécaniquement les résultats du
test, les décès d'enfants de moins d'un an ont été exclus du champ de l'étude.
La population d'étude s'élève ainsi à 10 081 752 décès.
Premiers résultats
Le test d'indépendance produit une valeur du Khi-deux égale à 229,69. Cette
valeur élevée permet de rejeter l'hypothèse nulle, à savoir que les décès se
concluent indépendamment des signes solaires de la naissance et du décès, avec
un infime risque d'erreur.
Le tableau qui suit présente en ligne le signe zodiacal de naissance et en
colonne le signe zodiacal de décès. À l'intersection d'une ligne et d'une
colonne figure l'écart entre la valeur observée et la valeur théorique. Par
exemple, les personnes nées avec le Soleil en Bélier et décédées avec le
Soleil en Taureau sont plus nombreuses qu'en théorie, de 109 unités. De même,
les personnes nées avec le Soleil en Bélier et décédées avec le Soleil en
Vierge sont moins nombreuses qu'en théorie, de 163 unités.
Répartition des décès selon le signe solaire de
naissance et le signe solaire de décès
Les cellules colorées correspondent aux combinaisons de signes pour
lesquelles le nombre effectif de décès est supérieur au nombre théorique. En
dessous des valeurs figure un indicateur qui rend compte de l'importance de la
contribution au Khi-deux. Cet indicateur s'interprète de la façon suivante :
Une particularité est aisément décelable dans le tableau de
répartition. Il s'agit d'une ligne de surreprésentation qui concernent les personnes nées et
décédées sous le même signe solaire. Le tableau des écarts entre valeur
observée et valeur attendue est structuré.
La diagonale de surreprésentation compte douze combinaisons de signes
identiques dont la somme des contributions au Khi-deux est forte. Celle-ci s'élève à 83,9, soit 36,5% du Khi-deux ; en théorie elle
n'aurait dû atteindre
que 19,1 (un douzième du Khi-deux). Cette diagonale est très particulière et
ne peut être attribuée au hasard.
Le nombre des personnes décédées concernées par cette diagonale est
supérieur de 1% au nombre théorique (soit un excédent de 7 906 personnes
décédées).
Contrôle du premier test
Afin de vérifier les résultats précédemment établis, un second test du
Khi-deux a été réalisé sur une population fictive. Celle-ci résulte du partage
en deux parties des fichiers d'origine (les dates de naissance d'une part, les
dates de décès d'autre part) et d'une reconstitution aléatoire des couples de
dates. Il en ressort que l'hypothèse nulle peut être rejetée avec un risque
d'erreur de 5%. En d'autres termes, le test, qu'il soit réalisé sur une population réelle ou sur une population
fictive, aboutit aux mêmes conclusions. La date de décès ne serait donc pas statistiquement liée à la
date de naissance.
Toutefois, les niveaux de significativité des deux tests sont sans commune
mesure (229,69 d'une part, 147,68 d'autre part). De plus, la diagonale de surreprésentation repérée au sein de la population réelle est inexistante dans
la répartition fictive. Le hasard n'est peut être pas aussi absent qu'on le pense dans cette
histoire.
La proximité des longitudes solaires
Dans une nouvelle approche, c'est l'écart angulaire entre la longitude
solaire de la naissance et la longitude solaire du décès qui est
privilégié.
Cet écart est calculé pour chaque personne décédée et réparti selon 36 classes
de 10°. La répartition est ensuite confrontée à une répartition théorique
uniforme et un test du Khi-deux est réalisé afin d'apprécier l'intensité des
divergences.
La valeur du Khi-deux atteint 226,80 ce qui permet de rejeter
l'hypothèse
nulle, c'est-à-dire que la date du décès est indépendante de la date de
naissance, un risque d'erreur infime.
Sur les 36 classes, 11 se caractérisent par un effectif supérieur à
l'effectif théorique. Parmi ces 11 classes, 7 sont voisines. Ces 7 classes
concernent ensemble 1 972 097 décès, soit un excédent de 11 756 décès par
rapport à la valeur théorique (+0,6%).
Conclusion
L'étude de 10 081 752 décès survenus entre 1979 et 1997 et enregistrés par
l'état civil français ne permet pas de rejeter indiscutablement l'hypothèse
selon laquelle la date de naissance et la date de décès sont statistiquement
indépendantes.
Une première approche montre que cette hypothèse peut être
rejetée. Mais un
test réalisé sur une population fictive permet lui aussi de rejeter l'hypothèse nulle, ce qui suscite le
doute. Toutefois, l'observation des
contributions au Khi-deux révèle que la répartition est, contre toute attente,
structurée, ce qui est contraire au principe d'égalité des chances.
Une deuxième approche montre, par contre, que l'hypothèse nulle peut être
incontestablement rejetée. Les personnes qui meurent à une date proche de leur
date anniversaire, à plus ou moins 30 jours d'intervalle, sont plus fréquents
qu'en théorie.
Est-ce pour autant que l'on doit y voir un mystère? Il faudrait pour cela
pouvoir étudier les causes de décès. Les suicides sont peut-être plus
fréquents au moment des anniversaires. On pense également à ces fêtes d'anniversaire qui se terminent
tragiquement, par un accident de la
circulation ou par une émotion trop forte, par exemple. Autant de facteurs
qui, cependant, relèvent déjà de la conception cyclique que les
astrologues ont de la vie.
Annexe